L’hiver tant redouté est bien là. Ca se traduit pour l’instant par des températures autour de 0°C, de la pluie froide et beaucoup de neige. Impossible de dormir sous la tente dans ces conditions. Heureusement, les Turcs ont un sens de l’accueil démesuré.
Notre sortie d’Istanbul se fait en douceur. Il fait beau enfin !
Nous passons une bonne partie de la journée à faire réparer nos vélos pendant que défilent les chaï et les cafés. On a à peine roulé 10 km que Kerem nous aborde dans la rue. A vélo lui aussi, il nous prend en pitié et nous accueille dans son appartement pour la nuit. Nous découvrons la vie des étudiants en médecine en Turquie, ça a l’air bien pire que chez nous. Pour obtenir son examen de fin d’étude, Kerem s’impose le rythme suivant : 20h de boulot – 10h de sommeil. Une bonne partie des 20h semble consacrée à rédiger de jolis post-it colorés, il y en a sur les murs de toutes les pièces !
Nous roulons vers le Nord pour éviter l’énorme zone industrielle Istanbul – Izmir. Ce soir, la pluie s’est transformée en neige. Nous entrons dans le café d’un petit village. On nous offre le thé, on nous paye nos courses. Impossible de refuser, nous sommes les invités. Google traduction nous aide à communiquer et bientôt Turan nous invite à dormir chez lui. Nous rencontrons sa femme et ses enfants, puis les voisins qui débarquent après le repas. Au petit déjeuner, pincez-moi je rêve, Günesh a préparé des frites… le début d’une longue série !
Les familles turques sont incroyables. Les hommes nous ouvrent les portes de leur maison et les femmes s’exécutent. Branle-bas de combat, on ne plaisante pas avec l’hôte. Chaï, nourriture à profusion, on nous fait chauffer l’eau pour la douche, on charge le poêle à bloc, on nous cède une chambre, on nous prête des pyjamas… on nous donne du temps. Après le repas, la maison se remplit de frères, sœurs, cousins, voisins. Nous dessinons plusieurs fois des arbres généalogiques pour essayer de comprendre. Parfois les branches se croisent un peu, mais bon…
Les femmes me regardent avec amour et curiosité. Elles posent des questions sur mes cheveux et me trouvent « çok güzel », elles me serrent fort dans leurs bras au moment du départ. Je n’imagine pas ce que je peux représenter pour elles avec ma liberté de femme occidentale.
Agva, station balnéaire sur la mer noire. Il pleut, il vente, on nous avait prévenu.
Nous sillonnons les rues et surprise, deux gros vélos sont garés devant un café. Brice et Quentin sont en train de négocier le prix d’une chambre d’hôtel. On n’est donc pas les seuls couillons à faire du vélo en Turquie pendant l’hiver ! On se rend ensemble à la mosquée pour tenter de demander l’hospitalité. A la télé du café attenant, les images de l’attentat parisien font la une. La télé turque aime le détail, toutes les images sont bonnes à montrer et comme ils n’en ont pas beaucoup, la vidéo tourne en boucle. On comprend pas tout mais on est très choqué. C’est étrange de vivre ces évènements depuis un autre pays, on n’arrive pas à imaginer l’ambiance en France. A la fois envie d’y être et contents de pas y être. Heureusement l’imam n’est pas rancunier et contacte une de ses amies. Pour nous ce soir, c’est hôtel de luxe aux frais de la princesse.
Deux jours de beau temps sur une petite route de campagne, le paysage enneigé et les couleurs sont superbes. Evidemment c’était trop beau pour durer. Entre Duzce et Mudurnu, la neige recommence à tomber, le froid à nous piquer les joues, à glacer nos mains et nos pieds. Nous nous réchauffons toutes les deux heures à coups de chaï.
Le coiffeur turc, fallait pas rater ça. Moi j’ai pas pu parce qu’il y a que des coiffeurs pour hommes ici.
Total des opérations, il t’ont rasé la tête et t’as une moustache turque.
Heureusement qu’ils m’ont servi du thé pendant tout ce temps !
Ankara, pause.
Merci à Matthieu et Ece de nous avoir accueillis pendant ces trois jours, on s’est bien reposés et bien régalés.
Que de beaux souvenirs et de belles photos vous allez avoir !! Je crois que je vous envie lol